Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est généralement détecté durant l’enfance, et les prises en charge sont souvent limitées à la scolarité. Mais contrairement à une idée reçue, ce syndrome touche aussi les adultes, même si ses manifestations peuvent évoluer avec l’âge. Vous pensez en présenter des symptômes ? Vous en souffrez dans votre vie personnelle et professionnelle ? Voyons comment il est possible de diagnostiquer et de traiter le TDAH chez l’adulte. Mais aussi de vous aider à vivre avec cette différence au quotidien et à la faire accepter à votre entourage !

TDAH adulte : les spécificités

Symptômes du TDAH adulte

Posons-le d’entrée : le TDAH n’est pas une maladie, mais un trouble du neurodéveloppement. L’ouvrage international de référence en matière de psychiatrie, le DSM 5, le caractérise par la persistance durant au moins 6 mois des symptômes suivants :

  • l’inattention : concentration fragile, rêveries envahissantes, mémoire à court terme fluctuante, difficultés de communication. Perception du temps altérée induisant des problèmes d’organisation ou au contraire une obsession pour l’organisation,
  • l’impulsivité : impatience, incapacité à filtrer ses propos, difficultés à ne pas couper la parole à autrui, désir régulier de tout plaquer pour changer de vie,
  • l’hyperactivité : angoisse de l’ennui, mouvement permanent pouvant alterner avec des phases de léthargie, ou encore difficultés à s’endormir.
    Chez l’adulte, ces symptômes sont souvent combinés, avec une hyperactivité qui se manifeste par périodes. Mais certaines personnes présentent un trouble de l’attention sans ou avec une faible composante impulsive ou hyperactive. Les cas dominés par l’hyperactivité sont les moins répandus. Ces derniers ne rencontrent pas de difficultés d’attention, mais ils peuvent présenter des signes d’impulsivité.

Dépistage et diagnostic du TDAH

Bien que très documenté scientifiquement, le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité a longtemps été invisibilisé. Ainsi, il a fallu attendre 2005 pour qu’il soit reconnu comme un handicap. Cela a permis une prise en charge par les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Aujourd’hui, le TDAH est le plus souvent identifié lors de la scolarité. Cette reconnaissance permet aux enfants diagnostiqués de bénéficier d’aménagements de leur scolarité.
En revanche, si vous avez plus de 20 ans, il est fort possible que votre TDAH n’ait jamais été dépisté. Pourtant, il ne disparaît pas à la majorité : selon les études, il toucherait 2,5% des adultes. Par contre, ses symptômes sont parfois plus dif­ficiles à appréhender que chez ­l’enfant. Le TDAH peut se dissimuler derrière des pathologies telles que la dépression, l’anxiété ou des conduites addictives.
Si vous vous questionnez, vous pouvez entrer dans une démarche diagnostic auprès d’un psychologue et d’un psychiatre. Les tests réalisés par le psychologue seront à votre charge, mais la confirmation du diagnostic auprès du psychiatre est prise en charge par la sécurité sociale. Lors d’un entretien approfondi, ils analyseront vos symptômes, ainsi que leurs conséquences sur votre quotidien. Le psychiatre évaluera également l’existence d’autres troubles potentiellement associés au TDAH. Pour confirmer ou infirmer ses conclusions, le psychiatre peut réaliser d’autres d’examens. Par exemple en faisant appel à un neuropsychologue pour un bilan.

TDAH adulte : traitement

Une fois le diagnostic confirmé vient le temps du traitement. On ne peut pas « guérir » du TDAH adulte, mais on peut s’y adapter et apprendre à l’accepter !
La plupart du temps, vous parviendrez à réduire votre stress en développant des stratégies de canalisation des troubles avec l’aide d’un psychologue. Celui-ci pourra mobiliser un arsenal d’approches assez large, tel que :

  • l’entraînement cognitif : pour améliorer la mémoire de travail,
  • la psychoéducation : former la personne et son entourage sur le TDAH et de réduire leurs problèmes de communication,
  • la thérapie d’acceptation et d’engagement : changer la façon dont on considère ses pensées et émotions pour trouver une flexibilité psychologique,
  • l’accompagnement à l’aménagement de son environnement : par exemple l’optimisation de l’aménagement de son appartement, pour limiter la dispersion et l’anxiété,
  • le développement des « habiletés sociales » : mieux appréhender les codes sociaux pour réduire les risques de tensions et de phobie sociale.
    … etc.
    Si votre handicap s’avère très lourd, un traitement médicamenteux pourra être prescrit en complément du suivi psychologique. Depuis 2022, la Ritaline (psychostimulant à base de méthylphénidate) est remboursée. Dans certains cas, cette molécule favorise la canalisation de l’énergie et la concentration. Elle peut réduire la fatigue de l’adulte atteint d’un TDAH. Mais attention : comme tout traitement pharmacologique, elle n’est pas neutre et sa prise ne doit être envisagée qu’en dernier recours.

Accepter son TDAH

 Le TDAH et notre société

On aborde souvent les questions liées à la santé mentale d’un point de vue strictement médical. Mais comme le constatait Aristote, l’homme est un animal social. Dès lors, faire face à la souffrance psychique c’est aussi la replacer dans son contexte sociétal.
Dès l’école, les individus sont mis en compétition pour atteindre les positions jugées les plus enviables. Cette concurrence est exacerbée dans nos économies ouvertes sur le monde, où tout va toujours plus vite. Ces évolutions amplifient la pression normative qui pèse sur chacun d’entre nous, avec une injonction à nous adapter sans cesse. Génératrices de mal-être pour de nombreuses personnes, elles ont des effets décuplés sur les individus au fonctionnement cognitif atypique. Et la place prise par le numérique, qui peut générer de la frustration en imposant l’immobilité au corps, n’arrange pas les choses !
De fait, l’individu atteint de TDAH est placé dans une situation où il ne pourra jamais satisfaire à la norme sociale.

Adapter sa vie d’adulte à l’hyperactivité

Pour viser un mieux-être, prendre conscience de cette norme est une première étape.
Cela permet de s’autoriser un pas de côté pour s’affranchir de la pression. De sortir du déni de son intériorité en s’écoutant, en se plaçant à l’écoute de ses besoins. C’est une base pour adapter ses exigences à ses propres capacités, en tentant de faire abstraction des modèles de réussite dominants. Et au besoin, en évoluant dans une sphère sociale aux exigences moins normées.
Ayez également à l’esprit que le TDAH est un puits de ressources à valoriser, notamment dans votre vie professionnelle. Contrairement aux préjugés, les personnes atteintes de ce trouble ont de nombreux atouts, parmi lesquels :

  • la créativité : elles ont une manière différente de relier entre elles des idées, des faits ou des concepts. Ce qui leur permet de penser autrement et de proposer des solutions innovantes aux problèmes.
  • Le tonus : les personnes présentant un TDAH ont souvent une très grande énergie, qu’elle soit physique ou mentale. L’essentiel est de la canaliser et de prioriser les tâches afin qu’elle profite au travail d’équipe.
  • La capacité à prendre des risques : versant positif de l’impulsivité, elle peut favoriser la prise d’initiative. C’est parfois une clé pour débloquer des situations et faire évoluer des organisations humaines.
    Bien sûr, pour s’épanouir, ces compétences nécessitent un environnement accueillant, où la personne en TDAH ne sera pas mise à l’écart pour sa différence.

Expliquer son hyperactivité à son entourage

La bonne compréhension par votre entourage des troubles associés au TDAH est une autre clé. De nombreuses ressources sont aujourd’hui disponibles, comme ce livret de psychoéducation mis en ligne par l’association Raptor Neuropsy.
Reconnue d’utilité publique, l’association HypersSupers – TDAH France propose également de nombreuses ressources sur son site internet.

 Soigner son estime personnelle

La faible estime de soi est l’une des conséquences les plus courantes du TDAH chez l’adulte. Guidé par un professionnel formé aux approches présentées plus haut, vous devriez mieux vous accepter et (re)trouver des satisfactions personnelles qui peuvent éviter la dépression.
Beaucoup d’adultes confrontés au TDAH se dévalorisent et attendent sans cesse l’approbation d’autrui pour compenser leur sentiment d’infériorité. Comme nous l’avons vu, il est aussi nécessaire de vous détacher du regard des autres et de réussir à vous affirmer sans jouer des rôles.

Vous n’êtes pas seul(e)

Nos psychologues sont là pour vous accompagner dans votre cheminement. D’abord, vous pourrez apprendre à mieux vous connaître et prendre les bonnes décisions, pour casser cette boucle de l’insatisfaction personnelle et sociale. Nous sommes là aussi pour vous aider à accepter. Se découvrir un trouble neurodéveloppemental peut chambouler votre vision de l’avenir et vous paralyser dans vos projets. Pourtant, le monde a besoin de personnes sensibles, énergiques et créatives, vous avez votre place. Accepter vos forces et vos faiblesses vous permettra de choisir la bonne trajectoire pour réaliser vos projets. Enfin, parfois tout ne tient pas entre vos mains, et le déni ou l’ignorance de votre entourage personnel et professionnel peut vous écorcher ou vous bloquer dans vos réalisations. Avec votre thérapeute, vous pouvez vous concentrer sur des outils pour communiquer avec votre entourage, ou apprendre à vous émanciper de vos proches pour vous réaliser pleinement.